El
entierro fue una manifestación de
duelo.
Aún quedaba sangre de valientes:
la raza no iba a terminar tan pronto como
muchos creían. Los amos de las casas
de juego marchaban en primer término
tras el ataúd, como afligidos protectores
del muerto, y tras ellos, todos los matones
de segunda fila y los aspirantes a la clase;
morralla del Mercado y del Matadero que
esperaban ocasión para revelarse,
y hacía sus ensayos de guapeza yendo
a pedir alguna peseta en los billares o
timbas de calderilla.
Aquel cortejo de caras insolentes con gorrillas
ladeadas y tufos en las orejas hacía
apartarse a los transeúntes, pensando
en el gran golpe que se perdía la
Guardia Civil. ¡Qué magnífica
redada podía echarse! Pero no; había
que respetar el dolor sincero de aquella
gente, que lloraba al muerto con toda su
alma, con una ingenuidad jamás vista
en los entierros. |
L'enterrement était une manifestation de deuil.
Il restait encore le sang des braves : la course n'allait pas se terminer aussi vite que beaucoup le pensaient. Les maîtres des maisons de jeu défilaient au premier plan derrière le cercueil, comme des protecteurs éplorés du mort, et derrière eux, tous les voyous de second ordre et les aspirants de la classe ; la racaille du Marché et de l'Abattoir qui attendait l'occasion de se révéler, et faisait ses essais de ruse en allant demander quelques pesetas au billard ou aux jeux de petite monnaie.
Ce cortège de visages insolents, avec leur casquette sur le côté et des sifflements dans les oreilles, faisait se détourner les passants, pensant au grand coup que la Guardia Civil manquait. Quel magnifique raid ils pouvaient faire ! Mais non, il fallait respecter le chagrin sincère de ces gens, qui pleuraient les morts de toute leur âme, avec une naïveté jamais vue aux funérailles.
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