Los
hambrientos animales se sintieron primeramente
aterrados y sorprendidos por el cambio...
la cesación de movimiento. Se apartaron
alarmados y algunos volvieron al pozo. Pero
esta actitud no duró más que
un instante. No había yo contado
en vano con su glotonería. Viéndome
sin movimiento, una o dos de las más
atrevidas se encaramaron por el caballete
y oliscaron la correa. Todo esto me pareció
el preludio de una invasión general.
Un nuevo tropel surgió del pozo.
Agarrándose a la madera, la escalaron
y a centenares saltaron sobre mi cuerpo.
Nada las asustaba el movimiento regular
del péndulo. Lo esquivaban y trabajaban
activamente sobre la engrasada tira. Se
apretaban moviéndose y se amontonaban
incesantemente sobre mí. Sentía
que se retorcían sobre mi garganta,
que sus fríos hocicos buscaban mis
labios. Me encontraba medio sofocado por
aquel peso que se multiplicaba constantemente.
Un asco espantoso, que ningún hombre
ha sentido en el mundo, henchía mi
pecho y helaba mi corazón como un
pesado vómito. Un minuto más,
y me daba cuenta de que en más de
un sitio habían de estar cortadas.
Con una resolución sobrehumana, continué
inmóvil. No me había equivocado
en mis cálculos. Mis sufrimientos
no habían sido vanos. Sentí
luego que estaba libre. En pedazos, colgaba
la correa en torno de mi cuerpo. Pero el
movimiento del péndulo efectuábase
ya sobre mi pecho. La estameña de
mi traje había sido atravesada y
cortada la camisa. Efectuó dos oscilaciones
más, y un agudo dolor atravesó
mis nervios. Pero había llegado el
instante de salvación. A un ademán
de mis manos, huyeron tumultuosamente mis
libertadoras. Con un movimiento tranquilo
y decidido, prudente y oblicuo, lento y
aplastándome contra el banquillo,
me deslicé fuera del abrazo y de
la tira y del alcance de la cimitarra. Cuando
menos, por el momento estaba libre. |
D’abord
les voraces animaux furent saisis et effrayés
du changement, de la cessation du mouvement.
Ils prirent l’alarme et tournèrent
le dos ; plusieurs regagnèrent le puits
; mais cela ne dura qu’un moment. Je
n’avais pas compté en vain sur
leur gloutonnerie. Observant que je restais
sans mouvement, un ou deux des plus hardis
grimpèrent sur le châssis et
flairèrent la sangle. Cela me parut
le signal d’une invasion générale.
Des troupes fraîches se précipitèrent
hors du puits. Ils s’accrochèrent
au bois, ils l’escaladèrent et
sautèrent par centaines sur mon corps.
Le mouvement régulier
du pendule ne les troublait pas le moins du
monde. Ils évitaient son passage et
travaillaient activement sur le bandage huilé.
Ils se pressaient, ils fourmillaient et s’amoncelaient
incessamment sur moi ; ils se tortillaient
sur ma gorge ; leurs lèvres froides
cherchaient les miennes ; j’étais
à moitié suffoqué par
leur poids multiplié ; un dégoût,
qui n’a pas de nom dans le monde, soulevait
ma poitrine et glaçait mon coeur comme
un pesant vomissement. Encore une minute,
et je sentais que l’horrible opération
serait finie. Je sentais positivement le relâchement
du bandage ; je savais qu’il devait
être déjà coupé
en plus d’un endroit. Avec une résolution
surhumaine, je restai immobile. Je ne m’étais
pas trompé dans mes calculs, je n’avais
pas souffert en vain. A la longue, je sentis
que j’étais libre. La sangle
pendait en lambeaux autour de mon corps ;
mais le mouvement du pendule attaquait déjà
ma poitrine ; il avait fendu la serge de ma
robe ; il avait coupé la chemise de
dessous ; il fit encore deux oscillations,
et une sensation de douleur aiguë traversa
tous mes nerfs. Mais l’instant du salut
était arrivé. A un geste de
ma main, mes libérateurs s’enfuirent
tumultueusement. Avec un mouvement tranquille
et résolu, prudent et oblique, lentement
et en m’aplatissant, je me glissai hors
de l’étreinte du bandage et des
atteintes du cimeterre. Pour le moment du
moins, j’étais libre! |