El pozo y el péndulo (Le puits et le pendule)



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La oscilación del péndulo se efectuaba en un plano que formaba ángulo recto con mi cuerpo. Vi que la cuchilla había sido dispuesta de modo que atravesara la región del corazón. Rasgaría la tela de mi traje, volvería luego y repetiría la operación una y otra vez. A pesar de la gran dimensión de la curva recorrida - unos treinta pies, más o menos - y la silbante energía de su descenso, que incluso hubiera podido cortar aquellas murallas de hierro, todo cuanto podía hacer, en resumen, y durante algunos minutos, era rasgar mi traje. Y en este pensamiento me detuve. No me atrevía a ir más
allá de él. Insistí sobre él con una sostenida atención, como si con esta insistencia hubiera podido parar allí el descenso de la cuchilla. Empecé a pensar en el sonido que produciría ésta al pasar sobre mi traje, y en la extraña y penetrante sensación que produce el roce de la tela sobre los nervios. Pensé en todas esas cosas, hasta que los dientes me rechinaron. Más bajo, más bajo aún. Deslizábase cada vez más bajo. Yo hallaba un placer frenético en comparar su velocidad de arriba abajo con su velocidad lateral. Ahora, hacia la derecha; ahora, hacia la izquierda. Después se iba lejos, lejos, y volvía luego, con el chillido de un alma condenada, hasta mi corazón con el andar furtivo del tigre. Yo aullaba y reía alternativamente, según me dominase una u otra idea. Más bajo, invariablemente, inexorablemente más bajo. Movíase a tres pulgadas de mi pecho.

La vibration du pendule avait lieu dans un plan faisant angle droit avec ma longueur. Je vis que le croissant avait été disposé pour traverser la région du coeur. Il éraillerait la serge de ma robe, puis il reviendrait et répéterait son opération, encore, et encore. Malgré l’effroyable dimension de la courbe parcourue -quelque chose comme trente pieds, peut-être plus-, et la sifflante énergie de sa descente, qui aurait suffi pour couper même ces murailles de fer, en somme tout ce qu’il pouvait faire, pour quelques minutes, c’était d’érailler ma robe. Et sur cette pensée je fis une pause. Je n’osais pas aller plus loin que cette réflexion. Je m’appesantis là-dessus avec une attention opiniâtre, comme si, par cette insistance, je pouvais arrêter là la descente de l’acier. Je m’appliquai à méditer sur le son que produirait le croissant en passant à travers mon vêtement, sur la sensation particulière et pénétrante que le frottement de la toile produit sur les nerfs. Je méditai sur toutes ces futilités, jusqu’à ce que mes dents fussent agacées. Plus bas, plus bas encore, il glissait toujours plus bas. Je prenais un plaisir frénétique à comparer sa vitesse de haut en bas avec sa vitesse latérale. A droite, à gauche, et puis il fuyait loin, loin, et puis il revenait, avec le glapissement d’un esprit damné ! jusqu’à mon coeur, avec l’allure furtive du tigre! Je riais et je hurlais alternativement, selon que l’une ou l’autre idée prenait le dessus. Plus bas, invariablement, impitoyablement plus bas ! Il vibrait à trois pouces de ma poitrine!

vocabulaire  
la oscilación = la vibration
efectuarse = avoir lieu
en resumen = en somme
sostenido = opiniâtre
el roce = le frottement
la velocidad = la vitesse
el chillido = le glapissement
aullar = hurler



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